Arrestations arbitraires, menaces, exécutions : au pays des mollahs, quarante ans après la proclamation de la République islamique, la répression continue de frapper les défenseurs des libertés et les voix critiques du régime.
Ses discours tranchaient avec ceux de son prédécesseur. Turban blanc et barbe grisonnante, le « modéré » Hassan Rohani prônait une plus grande ouverture sociale et davantage de libertés pour les Iraniens. Après huit ans de présidence de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, son arrivée au pouvoir en 2013 – avant sa réélection en 2017 - devait marquer une rupture, avec la promesse d’une amélioration de la situation des droits de l'homme dans le pays.
Après l’espoir, vient la désillusion. Alors que tous les leviers du pouvoir sont aux mains du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, l’aspiration du peuple au changement démocratique se heurte toujours à un système verrouillé depuis la Révolution islamique de 1979. Et la moindre critique de la politique du régime peut être réprimée.
« Une campagne à grande échelle contre la dissidence »
La vague de protestations dans le pays, qui a débuté fin décembre 2017, contre les difficultés économiques, la corruption et l’autoritarisme, s’est ainsi heurtée à la machine répressive du régime. Bilan : 2018 est « l’année de la honte » pour Amnesty International, révélant que plus de 7 000 personnes ont été arrêtées durant cette période, et au moins 26 manifestants tués.
Journalistes, étudiants, militants écologistes, défenseurs des droits humains, des droits des femmes, syndicalistes, avocats, travailleurs, minorités religieuses. Ces arrestations massives traduisent une « campagne à grande échelle contre la dissidence » : « Tout au long de l’année, les autorités ont tenté d’étouffer tout signe de dissidence en intensifiant la répression des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique, et en arrêtant de nombreux manifestants », souligne Philip Luther, directeur de la recherche et de l’action de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
L’Iran, le deuxième pays qui exécute le plus au monde
Une répression qui, loin d’être inédite, est propre à la République islamique. Après la Chine, l’Iran est le pays qui exécute le plus au monde. Selon Human Rights Watch, 225 personnes ont été exécutées en 2018, dont au moins cinq individus pour des crimes qu’ils auraient commis alors qu’ils étaient mineurs.
Selon les lois iraniennes, basées sur la charia, l’apostasie, les relations homosexuelles, l’adultère et le trafic de drogues sont passibles de la peine de mort. Et le régime continue de se servir de cette dernière contre les dissidents politiques, accusés de « complot contre la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime ».
En 1988, notamment, des milliers de dissidents politiques ont été victimes de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires dans les prisons. « Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a eu entre 30 000 et 40 000 exécutions depuis le début de la révolution, il y a 40 ans », avance Karim Lahidji, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).
« Les condamnations de la communauté internationale sont symboliques, sans sanctions. Le régime iranien critique les recommandations de l’ONU et les considère comme une arme politique contre lui et même contre l’islam », explique-t-il.
« L’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes »
Le système carcéral est donc l’un des piliers du régime, pratiquant cette répression tous azimuts. Selon Amnesty International, au moins neufs personnes arrêtées au cours des manifestations en 2018 sont mortes en détention « dans des conditions suspectes ». En raison du manque de transparence, très peu d’informations filtrent. « Il y a environ 250 000 prisonniers en Iran », estime Tara Sepehri Far, chercheuse iranienne pour Human Rights Watch. « Nous savons que la torture est pratiquée dans les prisons iraniennes, qu’il y a des aveux forcés, et que des prisonniers n’ont pas accès à des soins médicaux », précise-t-elle.
Avec l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Turquie et la Chine, l’Iran est « l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes », souligne Reza Moini, responsable du bureau Afghanistan-Iran de Reporters sans frontières (RSF). 28 journalistes sont actuellement en détention, les deux tiers d’entre eux étant des journalistes non-professionnels. « Ces journalistes, actifs sur les réseaux sociaux et qui sont aujourd’hui au cœur du combat pour une information libre et un changement politique en Iran, sont la cible privilégiée des gardiens de la révolution », regrette RSF.
Entre 1979 et 2009, au moins 860 journalistes et journalistes-citoyens ont été « arrêtés, détenus ou exécutés », a révélé RSF le 7 février 2019, affirmant s'appuyer sur un « registre officiel » de la justice iranienne obtenu grâce à des « lanceurs d'alerte ». « Depuis 40 ans, le contrôle de l’information en Iran est implacable. Le régime exerce en continu une répression sans égale contre ceux publiant des informations qui ne sont pas dans la ligne de la République islamique », explique Reza Moini. L’Iran occupe ainsi la 164e place (sur 180 pays) du classement mondial 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.
Des lois discriminatoires contre les femmes
En 2018, le régime a aussi intensifié sa répression contre les défenseurs des droits des femmes. Si ces dernières ont été nombreuses à participer à la révolution de 1979, conduisant à la chute du shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, l’instauration de la République islamique leur a fait perdre un grand nombre de libertés.
Malgré des acquis dans le domaine de l’éducation et de la santé, elles continuent d’être frappées de discrimination à l’embauche, et sont exposées à une violence domestique contre laquelle la loi ne les protège pas. Elles ne peuvent pas obtenir un passeport ni voyager à l’étranger sans l’autorisation écrite de leur mari. De plus, en novembre 2017, la commission des affaires judiciaires du Parlement iranien a rejeté le projet de réforme du code civil visant à relever l'âge minimum du mariage des filles en Iran, de 13 à 16 ans.
Vers un changement ?
Une petite révolution a commencé à la fin de l’année 2017. De nombreuses iraniennes ont publié sur les réseaux sociaux des photos d’elles dans l’espace public, têtes nues, leurs voiles au bout d’un bâton. Un mouvement inédit dans le but de changer les mœurs et contester la loi, leur imposant depuis 1979 de sortir tête voilée et le corps couvert d'un vêtement ample plus ou moins long.
Pour autant, et malgré un assouplissement des règles sur le port du voile annoncé fin 2017, la machine répressive n’a pas épargné les femmes
Selon Amnesty International, 112 militantes des droits de l’hommes ont été arrêtées ou mises en prison en 2018. C’est notamment le cas de la célèbre avocate des droits de l'homme, Nasrin Sotoudeh. Lauréate en 2012 du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, celle qui s’est engagée aux côtés de ces Iraniennes contestant le port du voile obligatoire est de nouveau en prison depuis juin 2018. Son mari, le militant des droits de l’homme Reza Khandan, a lui aussi été condamné en janvier dernier à six ans de prison.
La persécution des minorités ethniques et religieuses
Autre cible de choix pour le régime, dans un pays où la religion officielle est l’islam chiite (89% de la population) : les minorités ethniques et religieuses. Certes, la Constitution reconnaît les minorités chrétiennes, juives et zoroastriennes présentes sur son territoire, qui disposent de sièges réservés au Parlement. Mais la primauté de l’islam à tous les niveaux de la société iranienne discrimine de fait les non-musulmans (non-autorisés à épouser une femme musulmane), mais aussi les musulmans sunnites (près de 10%), considérés comme des citoyens de seconde zone.
Selon Amnesty international, 171 chrétiens ont été arrêtés en 2018 pour avoir pratiqué leur foi, certains ayant été condamnés à des peines allant jusqu’à quinze ans de prison. Mais la communauté la plus persécutée est celle des bahai’s, la plus grande minorité religieuse non-musulmane en Iran (environ 300 000 personnes). Non-reconnue par la Constitution, car considérée comme une secte « déviante », ses membres sont privés de tous les droits. En novembre 2018, au moins 79 Bahaïs étaient détenus dans les prisons iraniennes, selon Human Rights Watch.
Un tableau très noir donc des droits de l’homme en Iran. « Je ne vois aucun indice de changement de politique du président Hassan Rohani et surtout du Guide suprême », confie Karim Lahidji. Avant d’ajouter, avec espoir : « Malgré la répression, la société civile iranienne est toujours en vie. Sur le plan social et sociétal, la jeunesse iranienne souhaite vivre autrement. Elle ne baisse pas les bras. »
publié : le 2019-02-12 | Source : IRF | Mis à jour il y a environ 1 jours | vu 50 fois
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