La soirée dégénère : un Décinois tué d’un coup de couteau

Dans la nuit de vendredi à samedi, une rixe a éclaté aux abords d’un local d’une association franco-turque. Un père de famille a été mortellement touché dans des circonstances troubles.

Ce devait être une soirée festive avec un orchestre et des dizaines d’invités, organisée par l’association Babacan Gurbuz. Confortablement installés dans des fauteuils en skaï rouges et noirs, ou accoudés au bar, les gens dégustaient des feuilles de vignes farcies, du fromage turc, les uns et les autres buvaient et riaient mais la musique s’est tue brutalement.

Une rixe impliquant plusieurs hommes Vers 3 heures du matin, des hommes se sont querellés. Au début, personne n’a voulu s’alarmer puis les voix et les regards se sont durcis. Et tout a basculé. À 3 h 30, Hasan Altay, 46 ans, s’est écroulé sur le parking au pied du bâtiment abritant des commerces au rez-dechaussée. Blessé mortellement au thorax et le visage tuméfié. Quand la police est arrivée quelques minutes plus tard, il ne restait qu’une dizaine de personnes qui s’étaient enfermées à l’étage, dans les locaux de l’association francoturque.
Un club privé pour certains, un bar associatif pour d’autres. Les circonstances du drame et l’origine de la rixe n’étaient pas éclaircies ce samedi, de nombreux témoins devant être auditionnés par les enquêteurs de la police judiciaire. Selon les informations communiquées par les proches de la victime, une dizaine d’hommes seraient descendus sur le parking (1) pour se battre, une fille ayant été bousculée dans la salle. L’un d’eux aurait sorti un couteau et aurait poignardé Hasan Altay au thorax. Il aurait également reçu des coups de bâton. Un ami à lui aurait été frappé.

" On ne croisait jamais personne " Un commerçant

Samedi matin, la vie a repris son cours au 13, rue Galilée, malgré ce corps gisant sur le goudron sous une pluie battante et ces voitures de police encombrant les parkings.
La porte vitrée permettant d’accéder au local est brisée comme si une masse s’était abattue dessus. À l’étage, un mur est fendu et la porte d’entrée est fracassée. Des débris de plaque de plâtre s’étalent sur le sol. « On ne croisait jamais personne, témoignent les commerçants. Ils devaient arriver tard le soir. On trouvait parfois le matin des bouteilles d’alcool vides par terre. » Contacté, le propriétaire du bâtiment qui abrite un opticien et un cabinet d’esthétique nous précise que l’association type loi 1901 lui loue l’étage depuis le début de l’année, l’ambition étant de donner des cours de musique pour les membres et d’organiser de temps à autre des repas. Le maire de Mions, lui, nous indique ne pas avoir eu connaissance de l’existence de cette amicale. Une affaire très brumeuse, selon une source proche de l’enquête.
L’autopsie du corps de la victime devrait être pratiquée lundi.

Annie Demontfaucon
(1) Le parking est situé sur la commune de Saint-Priest, alors que le bâtiment est édifié sur la commune de Mions.

Tristesse et recueillement chez les alévis

Le décès brutal d’Hasan Altay a provoqué une grande émotion dans la communauté kurde, et plus précisément alévie (1). Hier, environ 200 personnes se sont pressées dans les locaux et aux abords du centre culturel du Rhône des Alevis de Lyon, installé à Vénissieux. Des visages fermés et des larmes qui témoignent de la popularité du défunt et de sa famille.
« Les Altay vivent depuis les années 90 en France. Ce sont des démocrates qui se sont montrés généreux autant avec la communauté turque que kurde », précise Dogan Duzgun, journaliste turc présent sur les lieux. Dans une salle du centre, hommes et femmes se recueillent quand le responsable évoque le souvenir d’Hasan Altay. Père de trois enfants, divorcé, il habitait à Décines-Charpieu et travaillait dans le bâtiment. « C’était un homme très gentil qui aimait sortir le soir et un excellent père de famille », nous confie Derya, sa belle-soeur. Kara Gunay, un de ses amis, se montre sévère avec l’association qui organisait la soirée. « Nous souhaiterions que l’État contrôle davantage ces l ieux où de l’alcool circule. Je suis contre ces pratiques et le centre culturel aussi. » Proches, cousins aimeraient se recueillir devant le corps d’Hasan Altay, le voir une dernière fois : « On ne sait pas quand on pourra le récupérer. On voudrait l’enterrer au plus vite en Turquie sur sa terre natale, comme le veut la tradition ».

A.D. avec X.B.
(1) Dans une Turquie à forte majorité sunnite, les alévis restent une minorité religieuse. Ils s’estiment discriminés dans leur pays.

Des précédents

Ce n’est pas la première fois que la police intervient dans des locaux associatifs culturels pour des rixes dues à une consommation d’alcool excessive. Le 26 mars, une bagarre générale à coups de couteau avait éclaté dans un bar à chicha cours Aristide-Briand (Lyon 4e). Un jeune avait été blessé mais n’avait pas souhaité porter plainte. Un mois plus tôt, le 13 février, à Vaulx-en-Velin, un homme membre d’une association avait reçu des coups de couteau dans la nuit. Les faits ont été qualifiés en tentative d’homicide.

Source : leprogres


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