Israël lÍ¢ché par Poutine au profit de l’Iran
La visite stérile de Netanyahu en Russie, où il a cherché sans succès à convaincre Poutine en pleines vacances à Sotchi de la nécessité qu’il y a à renoncer à son alliance avec l’Iran et le Hezbollah, surtout dans le sud de la Syrie, continue à faire couler beaucoup d’encre : le site Politicom publie un article où il examine « la crise » qui secoue les relations de Tel-Aviv avec Moscou.
Quelques jours après la rencontre du Premier ministre israélien et du président russe à Sotchi, Moscou a averti qu’il opposerait son veto à toute mesure américano-israélienne contre le Hezbollah au sein du Conseil de sécurité.
Selon l’agence de presse iranienne Fars News qui cite l’édition du mardi 5 septembre du journal israélien Haaretz, la Russie a œuvré dans les coulisses pour s’assurer que toute référence à l’activité militaire du Hezbollah au Liban serait supprimée du mandat de renouvellement de la mission de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban).
La visite de Netanyahu le 23 août en Russie a eu des effets inattendus : la fuite « volontaire » des propos échangés de part et d’autre qui ont contribué à amplifier la méfiance mutuelle. Ces fuites montrent à quel point les relations russo-israéliennes sont ébranlées par ce qui se passe en Syrie. Accompagné du chef du Mossad ainsi que du directeur du Conseil de sécurité nationale israélien, Netanyahu effectuait sa sixième rencontre avec Poutine en 16 mois, rencontre qui s’est avérée être de loin la plus problématique, car elle a exposé au grand jour les tensions de plus en plus vives entre Tel-Aviv et Moscou.
Cela fait longtemps qu’Israël en veut à la Russie d’« avoir laissé l’Iran agir à sa guise en Syrie » et de « s’être renforcée, par voie de conséquence, au Liban par le biais du tandem Hezbollah-Aoun ». Le 25 août 2017, Pravda est revenu sur la rencontre Poutine-Netanyahu dans un article qu’il a intitulé « Échec de Netanyahu à Sotchi ». La presse israélienne n’a pas tardé à dénoncer cet article qu’elle a qualifié de « fuite volontaire ». Et elle n’avait pas tort : l’article citait Netanyahu évoquant en présence de Poutine la menace que « représentent pour Israël le Corps des gardiens de la Révolution islamique et le Hezbollah », deux entités qui chercheraient à « attaquer Israël depuis le territoire syrien ». L’article soulignait par la même occasion « le calme affiché par Poutine » tout au long des entretiens, calme qui contrastait avec « la fougue de Netanyahu ». Et puis Pravda a enfoncé le dernier clou en disant que Poutine avait attendu la fin du discours de Netanyahu pour rappeler que « l’Iran est l’allié stratégique de la Russie au Moyen-Orient » bien qu’« Israël soit, lui aussi, un partenaire important pour Moscou ».
Et Politocom d’ajouter : « L’article de Pravda a provoqué une profonde déception au sein des autorités israéliennes, qui l’ont vu comme étant “une fuite délibérée” provoquée par le Kremlin. L’un des proches du Premier ministre israélien, présent aux discussions, avait fait part à Ria Novosti de la “méfiance” de Netanyahu avant la rencontre : “Netanyahu avait peu d’espoir de pouvoir changer les positions de Poutine vis-à-vis de l’Iran et pourtant il a choisi de s’exprimer ouvertement. À vrai dire, la patience d’Israël a ses limites. Quiconque ne comprendrait pas l’inquiétude de Tel-Aviv ne devrait pas s’étonner de notre réaction. Israël a mis en garde la Russie et la Russie a fait son choix. Israël en fera autant. Si le Kremlin et les médias russes veulent voir la réalité sous un autre angle, c’est leur problème et pas le nôtre.” »
Le site reprend ensuite une autre information, celle publiée par le site El-Jadida. À en croire cette source, Israël aurait menacé de bombarder le palais d’Assad « si l’Iran continue à renforcer sa présence militaire en Syrie ». Cette mise en garde, Netanyahu l’aurait lancée à Poutine, faisant dire à un haut diplomate israélien ceci : « Certes, les deux parties ne sont pas arrivées à une compréhension mutuelle, mais Netanyahu a réussi à faire comprendre au président russe qu’il devrait tenir compte des inquiétudes de Tel-Aviv. »
Et Politicom de poursuivre :
« La crise qui secoue les relations Israël-Russie vient d’éclater au grand jour alors que le monde entier croyait à la “compréhension mutuelle” russo-israélienne. Pas plus tard que le 2 juillet, Israël a tenté de séduire Moscou via une double mesure : la Knesset a voté une loi pour “célébrer le 9 mai”, date anniversaire de la défaite des nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale, et ce, parallèlement à la Douma russe. Mais ce n’est pas tout, le Parlement israélien a aussi entériné une loi pénalisant à la fois toute offense aux symboles de l’holocauste et aux soldats de l’Armée rouge. Mais ces opérations de charme n’auront pas suffi à convaincre Moscou.
La vérité est que les liens privilégiés qu’a entretenus pendant longtemps Israël avec la Russie ne sont plus. Moscou a été amené à choisir parmi ses partenaires au Moyen-Orient. Avec toute la bonne volonté du monde, il a tenté de retarder ce choix et de jouer à l’équilibriste entre Israël et l’Iran. Or, la montée en puissance de l’Iran et l’obsession anti-iranienne d’Israël ont fait capoter les efforts de la Russie. Les Russes se trouvent désormais dans le même camp que les Iraniens. Et cette très mauvaise nouvelle pour Israël arrive au pire moment possible, alors qu’il n’existe presque plus aucun espoir d’une reprise américano-russe, propre à changer la donne. »