Quelles aides pour les arboriculteurs après le gel en avril ?
Quelles aides pour les arboriculteurs après le gel en avril ? La FDSEA de la Drôme fait le point
Combien vont pouvoir toucher les arboriculteurs après le gel du mois d'avril ? La FDSEA de la Drôme leur a proposé un rendez-vous ce mercredi 12 mai à Loriol-sur-Drôme pour répondre à leurs questions.
Dossier de calamités agricoles, enveloppe régionale ou départementale, aides d'urgence : les arboriculteurs peuvent prétendre à de nombreuses indemnisations après l'épisode de gel du mois d'avril. Mais dans les faits, c'est plus compliqué. La FDSEA de la Drôme a répondu ce mercredi 12 mai aux questions des professionnels sur le site de Lorifruit à Loriol-sur-Drôme.
Le régime des calamités agricoles
Le gouvernement a promis cette année d’accélérer la procédure. Denis, producteur à Châteauneuf-sur-Isère, a encore du mal à y croire : "On n'a toujours pas été payés pour le gel de 2020. Quand on appelle la DDT, ils sont en panique. Le Covid-19 a bon dos ! Soit disant, ils sont en télétravail mais je dirais qu'ils sont plutôt en téléchômage". Son avis est partagé chez ces professionnels qui trouvent les procédures trop fastidieuses et les délais beaucoup trop longs.
L'agacement est palpable. Il est partagé par Régis Aubenas, le responsable fruits de la FDSEA de la Drôme mais il insiste sur l'action du gouvernement pour l'épisode de gel d'avril : "Nous sommes en train de terminer les commissions départementales d'enquête. Notre dossier doit être présenté le 7 juillet en commission nationale pour le fruit à noyaux. Et on imagine pouvoir avoir des indemnisations dans ce secteur vers octobre".
Perché sur un tracteur, transformé en estrade, il explique que le taux d'indemnisation ne pourra excéder 40% des pertes. "En 2015, précise Régis Aubenas, le gouvernement de l'époque a notifié à la commission européenne qu'il n'irait jamais au-delà de 40%. Aujourd'hui il faudrait renégocier avec les Etats européens. C'est quasiment impossible". Dans l'assemblée, certains arboriculteurs se félicitent d'obtenir ce genre d'informations. Jean-Raphaël, producteur en Drôme provençale, notamment : "On peut entendre dans la presse ou autres, qu'on va demander 80%. Là, on nous dit que c'est un seuil qu'on ne pourra pas dépasser vis à vis de l'Europe. Au moins les choses sont posées clairement".
Des aides plafonnées par l'Europe
Le discours est très technique. Mais il est important quand ici, beaucoup ont perdu entre 80% et 100% de leurs récoltes. Katia Sabatier-Jeune, la présidente de la coopérative Lorifruit fait encore les comptes : "En abricots, le tri est à peu près effectué. On va être à 15-20% de volumes normaux. En pêches, le tri est encore en train de se faire. Nos exploitations plus au Sud ont été un peu plus épargnées. Mais au maximum, nous serons à 40-50%".
Après ce gel historique, l'État, la région Auvergne-Rhône-Alpes ou encore le département de la Drôme ont débloqué des aides directes. La FDSEA de la Drôme est malgré tout mitigée. Régis Aubenas a bien indiqué que ces aides pourraient être plafonnées : "La réglementation européenne dite de minimis interdit à un État membre ou à une collectivité d'aller au-delà de 20.000 euros lissés sur trois ans. Or avec la grêle, la neige et le gel de l'année dernière, déjà beaucoup de dispositifs ont été utilisés. Donc beaucoup d'arboriculteurs ne pourront bénéficier de ces aides parce qu'ils sont bloqués par ce plafond".
Alors que faire ? La FDSEA demande à l'État de mettre en place un dispositif exceptionnel aligné sur le plan "Covid". Elle souhaite aussi augmenter les conditions de prise en charge des calamités agricoles sans dépasser la fameuse barrière des 40%. Ces aides financières sont cruciales pour une profession déjà sinistrée par plusieurs années d'intempéries. "Il n'y a pas 50 solutions : soit on a les aides, soit il faut qu'on change de métiers", souffle Denis.
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