La police Belge traque un militaire armé proche l’extrême droite
En Belgique, la police traque un militaire armé proche de l’extrême droite
L’homme en fuite a proféré des menaces contre les structures de l’Etat et des personnalités publiques.
Des dizaines de policiers belges recherchaient, mercredi 19 mai, Jurgen Conings, un militaire armé, fiché comme proche de l’extrême droite, en fuite après avoir proféré des menaces contre l’Etat et des personnalités publiques, a annoncé le parquet fédéral, qui s’est saisi du dossier.
Les recherches, qui mobilisent depuis mardi soir des unités spéciales de la police fédérale, se concentrent près de Dilsen-Stokkem dans la province néerlandophone du Limbourg, à la frontière des Pays-Bas, où le quadragénaire est domicilié. En fin de journée mercredi, 250 policiers et militaires ont été déployés dans et autour d’un parc national de la province du Limbourg, selon le parquet fédéral qui a confirmé à l’AFP un chiffre donné par les médias belges. Le 4×4 du militaire, potentiellement « en possession d’armes à feu », a été retrouvé en bordure du parc, sur la commune de Niel-bij-As à l’est de Genk, avec à l’intérieur quatre lance-roquettes antichar et des munitions.
« Une menace aiguë »
Jurgen Conings compte parmi la « trentaine » de membres de l’armée belge surveillés par les services du renseignement militaire pour leurs « sympathies » avec l’extrême droite, selon des sources officielles. Pour la même raison, il figure sur la liste des terroristes de l’OCAM, l’organisme belge chargé de l’analyse de la menace terroriste, a expliqué, mardi soir, le ministre de la justice, Vincent Van Quickenborne, à la télévision flamande VTM. « Il y a des indications qu’il est violent et, au cours des dernières vingt-quatre heures, des preuves sont apparues que l’homme représente une menace aiguë », a-t-il déclaré.
Interrogé par la chaîne de télévision flamande VTM, le premier ministre, Alexander De Croo, a jugé « inacceptable » qu’un homme fiché comme proche de l’extrême droite puisse être « actif dans la défense et avoir accès à des armes ». La ministre de la défense, Ludivine Dedonder, qui a également dû s’expliquer, a promis une enquête interne au sein de l’armée afin que cela ne se reproduise plus. C’est en tant qu’« instructeur » dans une base militaire belge que M. Conings avait accès à des armes malgré son profil, a rapporté Mme Dedonder à plusieurs médias.
Un virologue menacé
« C’est un militaire assez entraîné, qui semble être proche des idées d’extrême droite, et qui a laissé deux lettres avec des éléments inquiétants », a, pour sa part, déclaré Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral, évoquant des menaces « pour les structures de l’Etat et des personnes publiques ». Parmi les cibles potentielles figure le virologue Marc Van Ranst, devenu la cible des « antimasques » pendant la crise sanitaire. Déjà sous protection policière, il a été placé dans un lieu sûr avec sa famille.
Le militaire « a disparu avec des armes. Le but est de le retrouver sain et sauf », a ajouté M. Van Duyse. Des médias belges ont affirmé qu’il pouvait avoir emporté des lance-roquettes, un pistolet-mitrailleur, un pistolet semi-automatique et un gilet pare-balles. Son véhicule a été retrouvé mardi soir par les enquêteurs. « Les armes les plus inquiétantes ont été retrouvées à bord », a précisé le porte-parole du parquet. « L’individu est probablement encore en possession d’un armement plus léger », a précisé le parquet fédéral.
Depuis deux ans, la Sûreté d’Etat, le renseignement civil en Belgique, s’inquiète de la menace grandissante que font courir des extrémistes de droite, évoquant notamment « une tendance à l’armement » dans ces milieux afin de préparer des actions violentes. « La principale menace provient de ces individus connus sous le nom de’lone actors‘ [acteurs isolés], qui se radicalisent et planifient seuls des actions violentes », notait l’agence de renseignement dans son rapport annuel 2019 paru l’an dernier.