Les payeurs de promesses

Le sanctuaire national de Notre-Dame de la Charité d'El Cobre, à Santiago de Cuba a été la scène, le 14 mars, d’un moment spécial. Sur ce site respectable, dans l'après-midi, on a entendu monter une chanson que toute l'Île connaît par cœur, pour l’avoir chantée à maintes reprises.

Le sanctuaire national de Notre-Dame de la Charité d'El Cobre, à Santiago de Cuba a été la scène, le 14 mars, d’un moment spécial. Sur ce site respectable, dans l'après-midi, on a entendu monter une chanson que toute l'Île connaît par cœur, pour l’avoir chantée à maintes reprises. Lorsque la voix principale entonne la chanson, elle est rejointe par celles des personnes présentes, témoins de l’accomplissement d’un événement, qui est né comme une promesse religieuse, un baume qui, dans sa foi, tente de soulager un père souffrant face à la santé précaire de son fils.

La vidéo est publiée sur la page Facebook du duo Buena Fe. Une heure après sa publication, elle a suscité 2 800 réactions, 557 commentaires et a été partagé 867 fois. Même si le voir remplit de tristesse, on veut saisir de ses yeux l'émotion du « payeur de promesses », comme on a appelé Omar Quintero Montes de Oca, cet homme de 56 ans qui a quitté sa maison, située dans la municipalité de Marianao, il y a deux mois, poussant son chariot qui porte l'image de la Vierge, pour marcher jusqu'à El Cobre et accomplir la promesse qu’il avait faite.

« À El Cobre, à Santiago de Cuba, avec Omar, un homme qui nous a unis dans la foi de l'amour pour la vie. Un homme courageux », dit le texte qui coiffe la publication que nous lisons, et relisons, dans laquelle Israël, chanteur du duo Buena Fe, chante, en serrant dans ses bras le payeur de promesses, la chanson Valientes, qui est devenue l'hymne des médecins cubains dans leur lutte contre la pandémie,  la chanson qu'Omar, il y a une quinzaine de jours, avait demandée au groupe qui, en aucun cas, n’aurait refusé.
« Nous avons eu une communication avec Omar. Il nous a dit qu’il aimerait entrer dans l’église de la Vierge  de la Charité del Cobre à Santiago de Cuba pour payer sa promesse, accompagné de la chanson Valientes », peut-on lire sur le mur de la page du 26 février. « Nous l'avons prévenu que notre présence là-bas pourrait attirer l'attention d'intérêts étrangers à son beau sacrifice humanitaire, car ils se sont chargés de nous diaboliser jour après jour dans les médias numériques. Sa réponse a été catégorique : "pour moi, ce sera un honneur de vous avoir à mes côtés à ce moment-là ". On se voit à Santiago ! », conclut le post.

L'émouvante pérégrination d'Omar a atteint sa destination, en présence de nombreux Cubains à l'âme noble et compatissante. De nombreux bons compatriotes lui ont offert, en le voyant passer, un logement, un soutien et une aide.
Omar Quintero est enfin arrivé à El Cobre, et avec lui Buena Fe, dont la cohérence entre le dire et le faire ne nous surprend pas. Nous revenons plusieurs fois sur la vidéo et constatons que nous avons sous les yeux deux payeurs de promesses.

Qu'est-ce que je fais ici ? / À aimer ce pays comme moi-même... Dans un moment d'intense émotion, Omar presse son visage contre la poitrine d'Israël, qui continue à chanter... Nous chantons tous avec lui. Les présents et ceux d'entre nous qui souhaiteraient, en bons Cubains, être là où souffre un compatriote. Israël résume le sentiment qui nous envahit dans une phrase de sa chanson, qu'il renforce avec emphase : « Nous sommes la même humanité... ». Après cet intervalle, l’air devient plus lourd. Une salve d'applaudissements envahit la scène et la scelle.

Par; Madeleine Sautié


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