Sarkozy nous parle de référendum après avoir torpillé celui de 2005
Les élections « primaires » des 20 et 27 novembre prochains pour désigner le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017 sont-elles en train d’échapper au parti Les Républicains dont sont membres Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé ?
Le sondage que publie le Figaro ce lundi le donne à penser et permet de comprendre la fièvre qui s’est emparée de Nicolas Sarkozy et des ses soutiens. Ils ont rassemblé 6.000 personnes hier soir au Zénith de Paris et le candidat Sarkozy a proposé deux référendums dès 2017.
Au premier rang sur la photo que publie le Figaro sur le meeting tenu hier soir au Zénith, un Sarkozy souriant est flanqué à sa droite d’Eric Woerth, de Christian Estrosi et de Rachida Dati . A sa gauche figurent François Baroin, Christian Jacob et Jacques Myard qui fut candidat à la candidature sans pouvoir finalement concourir dans cette élection. Le minois de Carla Bruni apparaît derrière l’épaule de l’ex président de la République et on se dit alors qu’il manque sur la photo un ami de 40 ans répondant au nom de Patrick Balkany. Mais peut-être avait-il un empêchement.
Le même journal publie ce matin un sondage dont on se gardera ici de tirer des conclusions définitives Mais il semble donner des sueurs froides à Nicolas Sarkozy et à ses soutiens. Dans une hypothèse de large participation de l’ordre de 5,2 millions de votants à cette primaire Alain Juppé recueillerait 43% des suffrages au premier tour , contre 26% à Nicolas Sarkozy, 12% à Bruno Le Maire et 10% à François Fillon. Avec 3,2 millions de votants, ce qui est encore beaucoup, Juppé raflerait 42% des suffrages au premier tout contre 28% pour Sarkozy. Le Maire et Fillon sont à égalité avec 11% chacun et tout semble indiquer qu’aucun des deux ne viendra troubler le duel du premier, qualificatif pour le second. Le sondage dit aussi que 14% des votants potentiels seraient moins motivés par le choix d’un candidat que par l’élimination de tel ou tel et que cette motivation serait surtout défavorable à l’ancien président de la République.
Hier soir au Zénith, l’homme qui nous promet , comme tous ces concurrent de cette primaire de supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune (USF) et de réduire parallèlement les maigres indemnités des chômeurs de longue durée comme d’ailleurs ses concurrents dans cette primaire , a dit ceci pour tenter de marquer quelques points dans son camp : « Je ne cherche pas la bénédiction du petit Paris mondain qui daigne regarder l’autre France. Cette France si protégée est si touchante. Elle croit que sa vie, c’est la vie », a dénoncé cet homme du peuple qui fut maire de Neuilly. On en oublierait la soirée au Fouquet’s le jour de sa victoire à la présidentielle de 2007, suivie d’une croisière sur le bateau de Bolloré. Hier soir, Sarkozy a, sans nommer personne, glissé quelques perfidies comme celle-ci « La trahison pendant la campagne en augurera de plus grandes, lorsqu’il faudra en permanence donner des gages à la gauche ».
Pour le reste, Nicolas Sarkozy a promis deux référendums aux Français, s’il redevenait président de la République. Tous les deux auraient lieu en même temps que le second tour des élections législatives suivant la présidentielle de 2017. Il s’agirait de voter pour ou contre le regroupement familial des étrangers travaillant en France et pour ou contre l’enfermement des fichés S dans notre pays. Voilà qui n’est guère de nature à influer sur la politique économique et les relations d’exploitation que tous les candidats à cette élection primaire promettent d’aggraver s’ils étaient élus.
On rappellera ici que le dernier référendum organisé en France s’est tenu le 29 mai 2005. La question posée aux Français était de savoir s’ils ratifiaient, ou non, le Traité constitutionnel européen élaboré par une convention que présidait Giscard d’Estaing et qui réduisait à peu de chose la souveraineté de chaque pays dans l’Union européenne. Nicolas Sarkozy fit campagne pour le « oui » et le « non » l’emporta avec 54,698% des suffrages. Il suffisait qu’un seul pays le rejette pour que ce traité soit rendu caduc. Les électeurs le rejetèrent aussi.
Et que fit Nicolas Sarkozy suite à ce résultat? Dans un discours prononce à Bruxelles en septembre 2006, celui qui se voyait déjà candidat à l’élection présidentielle de 2007 plaidait pour la mise en place d’un traité simplifié ayant la même fonction que celui que les Français avaient rejeté 15 mois plus tôt. Ce texte fut négocié secrètement avant même l’élection présidentielle française de 2007 entre des collaborateurs de Nicolas Sarkozy et du gouvernement Allemands. Cette négociation débouchera plus tard sur le Traité de Lisbonne signé officiellement le 13 décembre 2007. Le 4 Février 2008, il fallu réunir un congrès de l’Assemblée nationale et du Sénat à Versailles pour modifier la Constitution française que notre pays puisse ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire. Quatre jours plus tard 336 députés votèrent pour ce traité et seulement 52 votèrent contre. Au Sénat , il y eu 265 voix pour , 42 contre et 13 abstention . De fait, les parlementaires de la droite et du Parti socialiste décidèrent majoritairement qu’ils se donnaient le droit de ne pas tenir compte du vote des Français le 29 mai 2005.
Mieux vaut s’en souvenir quand Nicolas Sarkozy nous propose de nouveaux référendums.
Gérard le Puill