27 ans après, le nombre de victimes de l’invasion américaine au Panama reste inconnu

« Pour les Panaméens, rien ne justifie la mort d'un civil », a déclaré l'un des Commissaires chargés d’enquêter sur cette opération.


Mardi, les Panaméens ont commémoré le 27ème anniversaire de l'invasion de cet État d’Amérique centrale par les États-Unis, en 1989. Plus d'un quart de siècle après les événements, le nombre exact de victimes reste inconnu.

Mais cet anniversaire est également une tentative de pouvoir faire la lumière sur cette attaque et de connaître le nombre de morts qu’elle a engendré, avec l'espoir de permettre aux familles des victimes de pouvoir tourner la page ainsi que d’honorer officiellement cette période sanglante de l'Histoire du Panama.

Suite à l'importance des investigations menées après tant d'années - en prenant en compte le fait que les principaux documents américains demeurent classés et qu’il reste de moins en moins de témoins de l’époque - Juan Planells, membre de la Commission d’enquête, a déclaré dans une interview diffusée lundi à la chaîne panaméenne TVN News, qu'il n’y avait aucune justification à l'invasion de 1989. Il a également estimé que cette controverse est due de longue date à la résistance sous-jacente de certains groupes face à une enquête exhaustive.

 “Une confrontation a eu lieu lorsque nous avons essayé de discuter des causes de l'invasion”, a déclaré Planells. “Il y a eu un désir d'éviter cette question incontournable qui est d'enquêter sur les faits afin que les Panaméens puissent découvrir ce qui s'est réellement passé durant cette période pour que la mort de tant de civils innocents, conséquence de cette invasion, ne soit plus cachée.”
“Pour les Panaméens, rien ne justifie la mort d'un civil”, a-t-il ajouté.

Le 20 décembre 1989, plus de 27 000 soldats américains ont envahi le Panama dans le cadre de l’opération "Just Cause" ordonnée par le président George W. Bush. L’objectif de cette invasion était l'arrestation du dictateur panaméen, Manuel Noriega, sur des accusations présumées de trafic de drogue. Noriega était auparavant un proche allié des États-Unis et un informateur de la CIA permettant ainsi aux américains de lutter contre l’insurrection dans la région.

Cependant, l'attaque, survenue après des tentatives de coup d'État et des sanctions économiques à l’encontre de Noriega tombé en disgrâce auprès de Washington, rentre fortement dans le cadre d’un effort des États-Unis à maintenir un gouvernement de soutien au Panama et une domination américaine dans la région.

La violence de l'opération militaire a entraîné jusqu'à 3 000 victimes civiles et militaires. Beaucoup de corps sont restés non identifiés après avoir été empilés dans les rues puis brûlés.

Mais différentes sources rapportent des informations très différentes, soulignant la nécessité d'une enquête approfondie, même 27 ans après les faits. Alors que les militaires des États-Unis estiment que seulement 202 civils panaméens ont été tués lors de l'opération, la Commission pour la Défense des Droits de l'Homme en Amérique centrale affirme que ce chiffre est considérablement plus élevé, s’élevant entre 2 500 et 3 000 personnes tuées.

Les États-Unis n'ont jamais indemnisé les survivants impactés par l'invasion ou les familles des victimes.

L’année passée, à l'occasion de la date anniversaire, les responsables ont annoncé qu'ils allaient lancer une Commission de Vérité pour déterrer l'Histoire une fois pour toutes et clarifier ce qui s'est déroulé durant ces jours sombres au Panama.

Officiellement lancée en juillet, la commission a pour but, après presque trois décennies, d’identifier les victimes et d’interpeller la mémoire collective afin de rétablir la vérité. L'enquête devrait permettre à leurs familles d’obtenir réparation et à l'Histoire d’être réhabilitée dans les programmes scolaires et les monuments publics.

Panama avait une Commission de Vérité distincte qui a enquêté sur les abus commis sous les dictatures militaires des généraux Omar Torrijos et Manuel Noriega entre 1968 et 1989. Elle a conclut que les régimes étaient coupables de tortures et de “traitement cruel, inhumain et dégradant”.

Torrijos, généralement considéré comme un nationaliste de gauche voulant récupérer le contrôle du canal de Panama, est mort dans un accident d'avion mystérieux en 1981. Noriega a purgé une peine de prison aux États-Unis et en France et est maintenant emprisonné au Panama pour crimes contre l'Humanité.

Bien que les abus sous la dictature aient déjà fait l'objet d'investigations, la Commission spéciale enquêtant actuellement sur cette affaire vieille de 27 ans, produira le premier «Rapport de Vérité» du Panama portant spécifiquement sur l'invasion des États-Unis en 1989.

Source : telesur
Traduction : Dogan Presse


:

Poste similare


Photos de l'article

Video de l'article