Meeting de soutien aux grévistes de la faim en Turquie
Le 12 mai, entre 16 et 20 heures, place de la République, le Front Populaire de Turquie à Paris, organisera un meeting. Un stand sera ouvert et une journée de grève de la faim sera organisée pour soutenir les grévistes d'Ankara et de Dersim.
L’état d’urgence instauré dans le pays depuis la tentative de coup d’état de juillet 2016, a permis au président Recep Tayyip Erdogan, de lancer une vague massive de purges où 120 000 employés de l’administration ou du secteur privé ont été renvoyés, 70 000 personnes font l'objet d'enquêtes et plus de 46 000 ont été arrêtées. La lutte contre ces oppressions a donc commencé pour certains sous forme de grève de la faim.
L’administration de l’Éducation nationale du pays reste le secteur le plus touché. Selon le dernier bilan, 15 200 enseignants ont été suspendus, 21 000 employés de l'éducation privée ont perdu leur licence et les 1 577 doyens des universités publiques et privées ont été mis à pied. Enfin, 1 043 écoles privées et 15 universités ont été fermées.
À Ankara, Nuriye Gelmen, chercheure à l’Université de Selçuk, et Semih Özakça, instituteur à l’école primaire Cumhuriyet de MazdaÄŸ à Mardin sont en grève de la faim depuis 63 jours en signe de résistance contre les répressions du gouvernement. Place Seyit Rıza, dans la ville de Dersim, Kemal Gün tient depuis 76 jours afin de faire pression pour que les corps des enfants massacrés par l’armée turque puissent être retrouvés.
« Entendez nos voix, soutenez notre résistance »
Nuriye Gelmen, et Semih Özakça ont été licenciés en novembre 2016. Refusant de se taire et de se soumettre, ils se sont révoltés contre la vague de licenciement, contre l’état d’urgence et contre un état en passe de devenir totalitariste. De ce fait, ils ont été à plusieurs reprises arrêtés, placés en garde à vue et molestés.
Le 8 novembre 2016, Nuriye publiait les revendications de leur résistance sur son blog : levée de l’état d’urgence et réintégration de tous les fonctionnaires révolutionnaires et démocrates licenciés et limogés ; arrêt des licenciements illégaux et arbitraires ; réintégration des droits sociaux des 13 000 chercheurs d’ÖYP (Programme de formation du corps enseignant) ; sécurité pour toutes les travailleurs de l’enseignement et des sciences et la Science n’est pas possible sans la sécurité de travail.
Le 9 mars dernier, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, le groupe a annoncé qu’ils entamaient une grève de la faim jusqu’à la récupération de leur emploi. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue, la Direction de la lutte anti-terrorisme se servant de cette déclaration pour justifier leur arrestation. Depuis le 11 mars, début de la grève de la faim, Nuriye et Semih sont tous les jours sur le boulevard Yüksel à Ankara pour résister et lancent un appel pour que leur lutte soit défendue. Car celle-ci doit être connue et largement diffusée. Les réseaux sociaux sont leur arme, et le soutien de tous est leur protection. Plus leur histoire sera partagée, plus ils seront protégés.
« Soixante-seizième jour de résistance à Dersim »
Le 7 novembre 2016, onze guérilleros du DHKC (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), dont Cayan et Murat Gün, sont morts calcinés par les incendies provoqués lors d’une attaque aérienne de l’armée de l’AKP (Parti de la justice et du développement) actuellement au pouvoir. Depuis, les familles se battent pour retrouver les corps de leurs défunts afin de pouvoir les enterrer dans le respect de leurs coutumes.
Et le père de Cayan et Murat, Kemal Gün, 70 ans, a entamé une grève de la faim depuis le 24 février, afin qu’on lui permette de d’enterrer son enfant. Il résiste contre la faim, il résiste contre l’oppression quotidienne de l’AKP, pour son fils et pour ceux de toutes les autres familles.
Kemal Gün en est aujourd’hui à son 76eme jour de grève de la faim pour que tous les ossements puissent être analysés et restitués aux familles. Il résiste pour pouvoir enterrer son fils décemment. Et beaucoup sont là pour le soutenir. Les jeunes à qui il entretient le devoir de Mémoire comme il l’avait préalablement fait avec ses enfants. De nombreuses personnes se déplacent pour le voir également : des journalistes, l’avocat, le professeur Kerim, académicien à l’université de Munzur, le médecin… Et ces visites permettent aux journées de défiler dans une relative sérénité.
Kemal Gün, c’est l’histoire de milliers de familles, c’est l’histoire d’une région (Dersim) qui résiste depuis des décennies. C’est l’histoire de ce que certains qualifient de « minorités nationales » mais qui revendiquent leurs droits fondamentaux que sont leur identité et leurs appartenances.
Le Front Populaire de Paris, appelle tous les citoyens à venir place de la République pour soutenir Nuriye Gülmen, Semih Özakça et Kemal Gün vendredi 12 mai prochain de 16 à 20 heures.
B.T.
Dogan Presse