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Prisonniers palestiniens : intervenir 'avant qu’il ne soit trop tard'

Afin de protester contre les conditions de détention (torture, mauvais traitements, négligence médicale, privation du droit de visite des familles, interdiction de recevoir des visites de la Croix-Rouge) et l’utilisation intensive de la détention administrative (emprisonnement sans procès ou accusation et renouvelable indéfiniment), cet appel à la grève a été lancé par Marwan Barghouti, haut cadre du Fatah. Il y a 15 ans, il a été condamné par Israël à cinq condamnations à perpétuité pour des attentats meurtriers durant la seconde intifada en Cisjordanie, le soulèvement palestinien qui a eu lieu entre les années 2000 et 2005. En février 2013 déjà, des détenus avaient mené une grève de la faim. Mais ce qui caractérise l’initiative du 17 avril, c’est le nombre de personnes qui ont répondu à l’appel ainsi que la durée du mouvement. Cependant, dès le neuvième jour, la dégradation « dangereuse » de l’état de santé de certains détenus a nécessité leur transfert dans les hôpitaux et cliniques pénitentiaires a déclaré le Comité palestinien pour les affaires des prisonniers. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan a affirmé quant à lui que 300 détenus, sans rien obtenir des revendications, auraient accepté de se nourrir assurant qu’« il n’est pas question de négocier avec les 920 palestiniens qui continuent leur grève ».

 

Grève générale en solidarité avec les prisonniers

Depuis l’occupation de leurs territoires en 1967, 850 000 personnes ont été emprisonnées par Israël et la question des détenus reste un sujet extrêmement sensible pour les palestiniens.

Le 27 avril, en soutien aux grévistes de la faim, une journée de manifestations a eu lieu dans les villes de Cisjordanie et la bande de Gaza. Mais cette grève générale a été marquée par des heurts avec l’armée israélienne. Chaque jour sont organisés des rassemblements et des manifestations qui donnent parfois lieu à quelques affrontements. 

Ismaïl Haniyeh, le nouveau chef du Hamas islamiste, acteur majeur du conflit israélo-palestinien et de la vie politique du pays, estime impératif d’être uni derrière la cause des prisonniers. Lors de ses premières déclarations publiques, il a officiellement apporté son soutien aux grévistes de la faim. Et au cours d’une visite dans une tente dressée dans la ville de Gaza en solidarité avec les détenus, il a affirmé : « cette visite est un message adressé aux héroïques prisonniers pour leur dire que leur cause est et restera l'une des plus hautes priorités ». Puis il a ajouté : « Votre liberté est un devoir national et il y va de votre dignité comme de la nôtre ».
Les Palestiniens appellent à une nouvelle journée de mobilisation en solidarité avec les grévistes de la faim jeudi.

 

#SaltWaterChallenge, le soutien des internautes

Afin d’interpeller un maximum de personnes, un défi a été lancé par le fils de Marwan Barghouti. Il s’agit pour les utilisateurs des réseaux sociaux de se filmer en train de boire un verre d’eau salée, la seule boisson ingérée par les grévistes pour leur permettre de rester en vie. Le hashtag #SaltWaterChallenge permet ensuite de diffuser l’opération qui est devenue virale. Bien que Assaf Librati, porte-parole des services pénitentiaires israéliens, rappelle qu’il ne négociera pas avec les prisonniers, personnalités politiques, associations et internautes inconnus espèrent ainsi faire pression sur le gouvernement.

 

« Ouvrir une nouvelle porte qui permette de faire la paix »

Mercredi, par l’intermédiaire du responsable de l’Église catholique à Ramallah, l’épouse de Marwan Barghouti, a adressé une lettre au pape François afin d’alerter le Saint Père sur la situation des 6 500 palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes. « Les tribunaux israéliens sont un instrument d’oppression et non de justice, et en particulier les tribunaux militaires où le taux de condamnation pour les Palestiniens varie de 90 à 99% » écrit-elle dans sa lettre.

Outre le droit à l’éducation ainsi que celui de pouvoir recevoir la visite de leurs familles, les détenus souhaitent « que les actions arbitraires et punitives prennent fin, ainsi que les cas de torture, d’abus, et de négligences médicales intentionnelles ». 

«Au nom de toutes les familles» de détenus, Fadwa Barghouti souhaite que le Pape intervienne « avant qu'il ne soit trop tard » afin que les prisonniers « abandonnés par le monde » puissent « atteindre le monde entier ».

La commission Justice et paix des Ordinaires de Terre sainte demande à Israël d’« entendre le cri des prisonniers » et d’« ouvrir une nouvelle porte qui permette de faire la paix ». 

 

Face à la situation des prisonniers palestiniens, les grandes puissances se doivent d’intervenir afin que le gouvernement israélien se conforme au droit humanitaire international. Plusieurs capitales étrangères et le Parlement européen réclament par ailleurs la libération de Marwan Barghouti, « le Mandela palestinien » de ses partisans, estimant qu'il pourrait être un atout majeur dans les tentatives pour essayer de régler le conflit israélo-palestinien.

Il est cependant plus que regrettable que de nos jours encore, certains soient contraints de mettre leur vie en péril via le biais des grèves de la faim afin de se battre pour leur dignité et leur liberté. Alors oui, il faut « entendre le cri des prisonniers palestiniens » mais il faut écouter les lamentations de notre monde en détresse. Et provenance de la Turquie, on entendra alors les clameurs des grévistes de la faim, Nuriye Gülmen, Semih Özakça et Kemal Gün, qui eux aussi revendiquent leurs droits les plus fondamentaux.

Béatrice Taupin
Dogan Presse


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