Dersim : la victoire est proche mais la lutte continue !

Kemal Gün, 70 ans, a entamé une grève de la faim depuis le 24 février afin de récupérer la dépouille de son fils. Il entame donc aujourd’hui son 86e jour de privation…

Le fils de Kemal Gün ainsi que dix autres jeunes guérilleros du DHKC (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple) ont été tués le 7 novembre 2016, lors des bombardements aériens de l’armée turque dans la Vallée du ruisseau Çed, entre Hozat et Dersim. Les incendies engendrés par cette attaque n’ont pas permis aux familles des victimes de pouvoir récupérer les corps afin de leur donner une sépulture décente dans le respect des traditions.

Alors ce père de famille se bat pour récupérer les restes de son enfant ainsi que ceux de toutes les autres familles.

Le 1er mars, les recherches effectuées par la gendarmerie ont permis de récupérer des ossements qui ont été transférés à l’institut médico légal de Malatya pour pouvoir être identifier. Mais pour le moment, seule une famille a pu récupérer les « restes » de son enfant et les enterrer dignement.

Alors Kemal Gün persiste dans sa lutte et continue à ne s’alimenter que d’eau salée afin de pouvoir survivre. Et comme il le répète lui-même : « Je ne partirai pas d’ici tant que je n’aurais pas récupéré le corps de mon fils, ne serait-ce qu’un bout d’os. J’ai peut être les muscles qui fondent, mais ma volonté et ma fierté me font tenir. J’y laisserai peut être ma vie, mais je ne bougerai pas d’ici. Je veux la dépouille de mon enfant. »

À son état de santé précaire, se rajoute une dette envers l’État qui lui facture 227 livres turques (58 €) par jour via le biais de procès verbaux pour son occupation quotidienne de « l’espace public », c’est à dire l’endroit qu’il occupe place de Seyit Rıza à Dersim où, jour après jour, il s’assoit au pied de la statue de Seyîd Riza, chef tribal turc qui a dirigé la révolte de Dersim contre l’armée turque entre 1937 et 1938.

Cependant, son appel semblerait avoir été entendu puisqu’une délégation a été reçue mercredi par le préfet de Dersim. Celui-ci aurait affirmé que les restes des corps allaient être restitués à leurs familles. Dans cette attente, et parce que pour le moment rien de concret n’a pu être constaté, Kemal Gün poursuit avec obstination sa résistance. Augurons du fait que celle-ci ne saurait durer encore très longtemps…

Béatrice Taupin
Dogan Presse


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