Victoire des prisonniers palestiniens en grève de la faim depuis 41 jours
Après 20 heures de négociations, un accord a été trouvé entre les services pénitentiaires israéliens, la Croix-Rouge et l'Autorité palestinienne. La grève de la faim est suspendue au bout de 41 jours de résistance.
Alors que les appels au soutien des grévistes se multipliaient de part l’urgence de la situation, samedi 27 mai à l’aube, et bien que rien ne l’augurait, l’annonce de la rupture de la grève de la faim a été faite. Les négociations qui ont eu lieu à la prison d’Ashkelon ont duré presque 20 heures et l’objectif était de mettre un terme à la grève avant le premier jour du Ramadan (mois du jeûne musulman) qui débutait samedi, grève observée encore par 834 détenus.
La grève de la faim, à son lancement le 17 avril, était suivie par 1 578 prisonniers palestiniens en contestation de leurs conditions d’incarcérations. Elle a été initié par Marwan Barghouti, surnommé « le Mandela palestinien » par ses partisans, et condamné à la perpétuité par l’État israélien pour son rôle dans la deuxième Intifada. La durée de cette grève, 41 jours, en a fait l’une des plus longues dans l’histoire du mouvement des prisonniers palestiniens.
Elles ont été initiées dans le but de revendiquer de meilleures conditions de détention sans torture, ni mauvais traitements. Les prisonniers réclamaient également une augmentation du nombre de visite de leurs familles qui, depuis un an, avaient été réduites à une par mois ainsi que l’autorisation de recevoir celles de la Croix-Rouge. Les négligences médicales devaient également prendre fin et il était indispensable de pouvoir bénéficier des soins auxquels ils avaient droit. Ils voulaient également avoir accès aux livres et à des téléphones publics. Enfin, ils réclamaient l’abandon des détentions administratives où l’emprisonnement a lieu sans procès ou accusation et est indéfiniment renouvelable.
Au quarantième jour de la grève, ils avaient ajouté deux nouvelles revendications : être reconnus en tant que prisonniers de guerre et être transféré dans des prisons sur le territoire palestinien occupé. En effet, selon Amnesty International, priver des personnes incarcérées de visites régulières de leurs familles est « cruel et constitue une violation flagrante de la Quatrième Convention de Genève ».
Niveau de danger alarmant
Un certain nombre de prisonniers avaient déjà atteint le seuil critique et avaient été déplacés dans une aile spéciale de la prison afin de recevoir un suivi médical. Le Comité palestinien pour les affaires des prisonniers a également déclaré que, dès la deuxième semaine, l’état de santé de certains détenus a nécessité leur transfert dans les hôpitaux et cliniques pénitentiaires, dont une trentaine ces derniers jours qui étaient parvenus à des niveaux de danger alarmants.
Beaucoup de prisonniers ayant été condamnés pour terrorisme, les autorités israéliennes avaient fait part de leur volonté de ne pas négocier estimant que leurs conditions étaient conformes aux normes. Elles avaient par ailleurs tenté de faire pression pour les contraindre à arrêter la grève en mettant en place des mesures punitives comme l’isolement ou la menace de recourir à l’alimentation forcée.
Mais de grandes manifestations de solidarité avaient eu lieu dans certains pays d’Europe ou d’Afrique ainsi qu’en Cisjordanie et à Gaza, provoquant d’ailleurs des heurts avec l’armée israélienne.
Un défi, #SaltWaterChallenge, lancé sur les réseaux sociaux afin de mobiliser un maximum de personnes, était devenu viral sur la toile. Il s’agissait de se filmer en train de boire un verre d’eau salée en soutien aux grévistes de la faim.
Fadwa Barghouti avait quant à elle adressé un courrier au pape François afin de l’alerter sur la situation des palestiniens incarcérés.
Selon un communiqué du Shin Bet (Service de sécurité intérieure israélien), « la fin de la grève a été rendue possible par un accord entre l'État d'Israël, la Croix-Rouge et l'Autorité palestinienne sur l'autorisation d'une deuxième visite par mois. L'accord prévoit que l'Autorité palestinienne finance la deuxième visite familiale mensuelle des prisonniers. »
Si l’annonce de la fin de la grève intervient trois jours après que le président Abbas avait indiqué avoir demandé à l’émissaire américain Jason Greenblatt, qu'il a reçu à Ramallah, en Cisjordanie, d'assurer une médiation entre Palestiniens et Israéliens sur la question des prisonniers, l’intervention américaine dans les discussions n’a pas été officiellement confirmée.
Une étape importance vers la reconnaissance des droits des prisonniers palestiniens dans le respect des principes fondamentaux des droits de l’Homme vient d’être franchie. Le premier jour de la grève de la faim « pour la dignité et la Liberté », Marwan Barghouti avait déclaré : « nos chaînes seront brisées avant que nous le soyons car il est dans la nature humaine d’entendre l’appel de la liberté quel qu’en soit le prix ». Mais le combat n’est pas terminé : la Campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouthi et de tous les prisonniers palestiniens va poursuivre son combat afin d’obtenir leur libération.
Béatrice Taupin”¨
Dogan Presse