La future gare du Nord se dessine
La gare parisienne va tripler sa surface et se doter d'un immense "terminal" commercial d'ici 2024.
La célèbre gare du Nord va entamer sa mue. Déjà gigantesque, l'édifice du XIXe siècle va tripler de volume, passant de 36 000 à 110 000 m², notamment grâce à la construction d'une nouvelle aile située à l'angle de la rue de Dunkerque et de la rue du Faubourg Saint-Denis (10ème), où se trouve actuellement un immense terminal réservé aux bus. Avec 50 000 m² dévolus aux commerces et aux services, la gare parisienne va se transformer en gigantesque centre commercial. Le chantier devrait coûter 600 millions d'euros et prendre fin en 2023, dans la perspective des Jeux olympiques organisés en 2024 à Paris.
Le projet, qui sera mené par le cabinet d'architecte Valode & Pistre, a été validé lundi 9 juillet par le conseil d'administration de la SNCF. L'entreprise publique a décidé de s'associer avec Ceetrus, filiale du groupe Auchan pour créer une société d'économie mixte à opération unique détenue à 66% pour Ceetrus et 34% pour la division Gares & Connexions de la SNCF.
Son rôle sera de mener les travaux à bien et d'exploiter la partie commerciale pendant trente-cinq à quarante-six ans. La durée sera négociée dans le contrat final, prévu pour octobre, rappelle Le Monde. Une chose est sûre : si la nouvelle surface restera la propriété de l'Etat, la gare du Nord va devenir la première gare dont l'actionnaire majoritaire est une entreprise privée.
Une décision très critiquée, notamment par les syndicats, qui y voient une privatisation rampante de la SNCF. Patrick Ropert, directeur général de Gares & Connexions, a de son côté assuré qu'il n'en était rien. "Nous conservons nos missions de service ferroviaire, d'intermodalité et d'aménagement urbain", a-t-il expliqué. L'accueil, la gestion des passerelles, des espaces d'attente, des voies, de l'aiguillage et des quais, resteront sous l'unique responsabilité de la SNCF. La société d'économie mixte à opération unique s'occupera de son côté des travaux dans la partie commerciale, et percevra les loyers des différentes boutiques.
Les travaux, justement, promettent d'être impressionnants. L'entrée des Transiliens devrait être totalement transformée. Murs en verre, toit transparent, cette nouvelle rue centrale de 18 mètres de large pour 300 de long très lumineuse permettra d'accéder aux différents quais : Eurostar, TGV, RER et Transilien.
Le projet de réaménagement, qui se veut "exemplaire en matière environnemental", prévoit la création de 7 000 m² d'espaces verts et de 3 200m² de panneaux solaires. Un jardin public, un espace coworking et un autre dédié au sport, avec notamment une piste d'un kilomètre de long pour faire son jogging, devraient voir le jour sur les toits de la gare.
De nombreux espaces commerciaux et culturels seront installés, ainsi que trois autres restaurants, chics, d'après les visuels dévoilés. Une salle de concert de 2 000 spectateurs gérée par Live Nation et une zone d'exposition tournée sur les arts numériques sont également prévues.
La SNCF promet d'améliorer la circulation dans la gare, dont le flux de passagers quotidien devrait monter à 800 000 en 2024 et 900 000 en 2030, contre 700 000 environ aujourd'hui. Les espaces de passages passeront donc de 15 000 à 37 000 m², tandis que 35 ascenseurs supplémentaires (20 actuellement) et 60 escalators (45 actuellement) seront construits. Un garage à vélos de 1 200 places sera mis à disposition à l'entrée de la gare, rue de Dunkerque. L'accès aux trois stations de métro devrait être "amélioré" et le terminal Eurostar agrandi, en partie pour pouvoir mieux accompagner les contraintes douanières liées au Brexit, assure la SNCF.
L'un des objectifs, selon Anne Hidalgo, la maire de Paris, est aussi "d'apaiser, fluidifier, clarifier et sécuriser la gare et ses alentours tout en s'insérant avec délicatesse dans le cadre de vie des Parisiens", en clair, répondre aux attentes des riverains, lassés des incivilités et de l'insécurité à l'intérieur et aux abords de la gare.