Espagne”Š: l’échec de Podemos
Les électeurs n’ont pas voulu non plus partir à l’aventure
Après des années d’austérité et de lente reconquête de la compétitivité, les Espagnols n’ont pas voulu jeter par-dessus bord les réformes du marché du travail engagées par le socialiste Jose Luis Rodriguez Zapatero et le conservateur Mariano Rajoy. Ils n’ont pas voulu compromettre les douloureux efforts qui ont permis au pays de retrouver le chemin de la croissance (+ 3,2 % pour le PIB et 600 000 emplois créés en 2015).
Deux jours après le « Brexit », les électeurs n’ont pas voulu non plus partir à l’aventure avec un référendum en Catalogne, même si le dossier doit être traité avec beaucoup moins d’intransigeance de la part de Madrid.
Dans cette affaire, il convient de saluer le leader du PSOE, Pedro Sanchez, qui a accepté cet hiver la mission de former un gouvernement. Il a échoué, en raison de l’intransigeance de Podemos, mais il a permis à l’Espagne de sortir de l’impasse constitutionnelle et au roi Felipe VI de convoquer de nouvelles élections.
Le résultat du scrutin ne lève pas les incertitudes, mais, après six mois de vide du pouvoir, l’Espagne a besoin d’être gouvernée. L’indication donnée par les électeurs est ténue mais suffisamment claire : il appartient au Parti populaire (PP) de diriger le pays. Le parti du premier ministre, Mariano Rajoy, progresse de 4,3 points avec 33 % des voix et 137 députés. C’est 14 de plus qu’en décembre. Ce chiffre est insuffisant pour former une majorité absolue, mais le PP peut espérer le soutien des centristes de Ciudadanos, en recul, ainsi que l’appui de partis régionaux pour former un gouvernement. Une coalition minoritaire n’est pas exclue, Pedro Sanchez ayant affirmé que son parti était « au service de l’intérêt général ».
Mariano Rajoy, lui, a bien vu son intérêt personnel. « Nous avons gagné les élections, nous revendiquons le droit de gouverner », a expliqué le premier ministre sortant. Certes, mais l’Espagne se porterait mieux si M. Rajoy, qui incarne un parti profondément corrompu, passait le flambeau. Le scrutin a montré que l’Espagne n’était pas condamnée à la crise politique. Le bipartisme n’a pas disparu au profit d’un quadripartisme entre formations qui se haïssent tellement qu’elles sont incapables de former une coalition sérieuse. Il n’empêche, elle a besoin de renouveau, y compris à droite.