En Turquie et en Syrie, l’aide internationale se déploie trois jours après le séisme qui a fait plus de 20 000 morts

La Banque mondiale a annoncé jeudi soir qu’elle apportera une aide de 1,78 milliard de dollars à la Turquie. Peu après, Washington a annoncé à son tour une aide de 85 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie.

Trois jours après le séisme, les bilans ne cessent d’augmenter. Le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 survenu lundi à l’aube, qui a détruit des villes entières dans le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, a fait plus de 20 000 morts. Selon les derniers bilans publiés jeudi 9 février dans la soirée par les secours, au moins 20 783 personnes sont mortes, 17 406 en Turquie et 3 377 en Syrie.

Un premier convoi d’aide est entré dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie. Six camions sont entrés en territoire syrien depuis la Turquie par le poste-frontière de Bab Al-Hawa. Selon un responsable du poste-frontière, il s’agit d’une aide qui était attendue avant le séisme d’une magnitude de 7,8 et les secousses – plus d’une centaine – qui ont dévasté la Syrie et la Turquie.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fait savoir dans un communiqué que ce convoi, transportant couvertures, matelas, tentes, matériel de secours et lampes solaires, devrait couvrir les besoins d’au moins 5 000 personnes. Mercredi, un responsable onusien avait averti que le stock des Nations unies dans le nord-ouest de la Syrie permettait à peine de nourrir 100 000 personnes pendant une semaine.

L’arrivée d’aide dans ces zones rebelles est compliquée, les dégâts causés par le séisme rendant difficilement praticables les routes d’accès à Bab Al-Hawa, unique point de passage actuellement garanti par l’ONU. De son côté, la Turquie a annoncé qu’elle s’employait à ouvrir deux autres passages frontaliers avec la Syrie afin de permettre l’acheminement de l’aide. « Pour des raisons humanitaires, nous visons aussi l’ouverture des postes-frontières avec les régions sous contrôle du gouvernement » de Damas, a dit le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu.

La cheffe du CICR présente en Syrie ; le chef de l’OMS « en route »

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a fait savoir sur Twitter dans la soirée qu’elle était arrivée en Syrie :

« Je suis arrivée ce soir à Alep, en Syrie, le cœur lourd. Les communautés qui luttent après des années de combats acharnés sont maintenant paralysées par le tremblement de terre. Alors que cet événement tragique se déroule, il faut répondre à la situation désespérée de la population. »

Un peu plus tôt, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait annoncé également sur Twitter qu’il était « en route pour la Syrie ». Vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », estime l’OMS. Elle redoute une crise sanitaire majeure qui causerait encore plus de dommages que le séisme.

Les Nations unies ont annoncé que le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, se rendrait ce week-end dans les zones touchées en Turquie et en Syrie. Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation de l’épidémie de choléra, qui a fait sa réapparition en Syrie.

Bruxelles exprime sa « solidarité » avec le peuple turc

Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants de l’Union européenne (UE) – qui organise au début de mars une conférence des donateurs pour la Turquie et la Syrie – ont observé un moment de silence pour les victimes du séisme. Ils ont envoyé une lettre à M. Erdogan exprimant leur « solidarité » avec le peuple turc et proposant d’accroître leur aide à la Turquie.

L’UE a envoyé des premiers secours en Turquie quelques heures après le séisme, lundi. Mais elle n’a initialement offert qu’une aide minimale à la Syrie par le biais des programmes humanitaires existants, en raison des sanctions internationales en vigueur depuis le début de la guerre civile, en 2011. Mercredi, Damas a officiellement sollicité l’assistance de l’UE, et la Commission a demandé aux Etats membres de répondre favorablement à cette requête.

Le commissaire européen Janez Lenarcic, coordinateur de l’assistance de l’Union européenne, était jeudi à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, pour rencontrer des responsables turcs, mais aussi les organisations humanitaires actives dans le nord-ouest de la Syrie, a fait savoir la Commission. L’envoyé spécial de l’ONU, Geir Pedersen, a appelé à Genève « à ne pas politiser » l’aide à ce pays, ajoutant avoir évoqué le sujet avec des représentants des Etats-Unis et de l’Union européenne.

La Banque mondiale annonce une aide de 1,78 milliard de dollars

La Banque mondiale a annoncé jeudi qu’elle apportera une aide de 1,78 milliard de dollars à la Turquie. Cette aide doit en premier lieu permettre d’aider les secours, a détaillé la Banque mondiale. Mais aussi cibler les besoins nécessaires à la reconstruction.

Peu après, Washington a annoncé à son tour une aide de 85 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie. L’Agence américaine de développement (USAID) a souligné dans un communiqué que le financement serait versé à des partenaires sur le terrain « pour fournir l’aide urgente nécessaire à des millions de personnes ».

De son côté, la France a annoncé qu’elle allait mettre en place une aide d’urgence à la population syrienne à hauteur de 12 millions d’euros. Londres a annoncé jeudi une aide financière supplémentaire d’au moins 3,4 millions d’euros allouée aux casques blancs, les secouristes opérant en zone rebelle.

Des milliers d’habitations sont détruites de part et d’autre de la frontière, et les secouristes poursuivent leurs efforts pour rechercher des rescapés dans les décombres, même si la fenêtre cruciale des soixante-douze premières heures pour retrouver des survivants s’est refermée, la situation étant en outre aggravée par un froid glacial. Dans la ville turque de Gaziantep, les températures ont chuté tôt jeudi à − 5 °C.

A Adiyaman, le séisme a piégé dans leur hôtel totalement effondré des adolescents et leurs accompagnateurs, venus de République turque de Chypre du Nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie) pour disputer un tournoi de volley-ball. Selon Nazim Cavusoglu, ministre de l’éducation chypriote-turc, venu sur place, un enseignant et trois parents ont été extraits vivants mercredi soir. « Trente-trois personnes sont toujours piégées », selon lui.


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