Turquie : neuf journalistes en détention préventive
Ils sont accusés d’être liés à des rebelles kurdes et à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.
Neuf membres de la direction et de la rédaction du quotidien turc d’opposition Cumhuriyet (en turc, « République ») ont été placés en détention préventive dans l’attente de leur jugement samedi 5 novembre, ont rapporté la chaîne de télévision NTV et l’agence Dogan.
Les autorités turques les accusent de délits commis au nom des séparatistes kurdes et du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, qu’Ankara considère comme l’instigateur du coup d’Etat manqué du 15 juillet.
Treize salariés du journal avaient été arrêtés lundi, dont son rédacteur en chef Murat Sabuncu, l’éditorialiste Kadri Gürsel ou le dessinateur Musa Kart. Deux d’entre eux, le comptable en chef et l’ancien comptable en chef du journal, ont été relâchés. Deux autres, les éditorialistes Hikmet Cetinkaya et Aydin Engin, ont été relâchés sous contrôle judiciaire en raison de leur âge et de problèmes de santé.
L’exécutif gouverne par décrets depuis l’imposition de l’état d’urgence le 20 juillet. Ceux publiés samedi 29 octobre, ont signé la fin de l’élection des recteurs d’université (dorénavant nommés par le président) et posé de nouvelles entraves à l’exercice du métier d’avocat.
« Inquiétude » de l’Union européenne et des Etats-Unis
En réponse à Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui avait qualifié lundi de « ligne rouge » l’opération de police menée contre Cumhuriyet, le premier ministre, Binali Yidirim, a déclaré mardi : « Nous n’avons rien à apprendre de vous en matière de liberté de la presse, ici, c’est le peuple qui décide où est la ligne rouge. »
Vendredi, des chefs et plusieurs députés du Parti démocratique des peuples (HDP), principal parti prokurde, ont été arrêtés. Un tribunal de Diyarbakir a décidé de les placer en détention préventive, dans le cadre d’une enquête « antiterroriste » liée au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Arrestations qui ont, une nouvelle fois, suscité l’inquiétude de l’Union européenne, et notamment de la chef de la diplomatie, Federica Mogherini.
L’accès aux réseaux sociaux et aux messageries était également fortement perturbé depuis vendredi. Washington s’est dit « profondément troublé » et a noté plus particulièrement que « restreindre l’accès à Internet sape la confiance dans la démocratie turque et sa prospérité économique ».
Quinze quotidiens, magazines et agences de presse, basés pour la plupart dans le sud-est à majorité kurde, ont été fermés ces dernières semaines.